lundi 30 avril 2018

Jean-Pierre VERHEGGEN






 
On commence en effet par un bête Kärcher
Et on finit par vouloir nettoyer
Tout ce qui est kasher
Sous prétexte qu’à une lettre près
C’est la même affaire !

C’est comme l’oiseau
Quand on commence à trouver qu’il se répète
Et que son chant devient oiseux,
On décrète qu’il faut le faire taire
Ou lui arracher les yeux !

Pauvre oiseau dont Queneau – toujours lui ! –
Disait que cru, il faisait cui-cui
Mais que cuit, il ne le faisait plus !

Le Poète aussi ! Si ce qu’il écrit
En dit trop sur ce qui est tu,
C’est pan-pan-Q.I.

Et à fortiori si ce qu’il ne tait
Est ce qui tue,
C’est pan-pan sans cri, pan-pan tout cru ! »


Jean-Pierre Verheggen
In Sodome et Grammaire
NRF – Editions Gallimard - 2008



« …un petit poème pour que je puisse poésir pour moins mourir »


Belge comme il se doit, héritier des surréalismes et des zuteries, Jean-Pierre Verheggen publie ses premiers textes dans Les lettres françaises, avec le soutien de Louis Aragon. En 1969 il fonde avec Christian Prigent la revue TXT et anime des émissions à la radio belge d’expression française. Il entreprend des tournées de « performances » et reçoit en 1995 le grand prix de l’humour noir . Depuis, il continue malgré quelques grands rendez-vous manqués avec la camarde.



1942. Naissance à Gembloux, le 6 juin.
Jean-Pierre Verheggen sera enseignant (professeur de français) avant de s'attacher au ministère de la Culture.

1968. La grande mitraque (Henry Fagne).
1969. Collaboration à la revue TXT, dès le premier numéro.
1978. Le degré Zorro de l'écriture et Divan le terrible l'année suivante (Bourgois, collection « TXT »). 1990. Les Folies-belgères (Seuil) et Artaud Rimbur (La Différence).
1994. Ridiculum vitæ (La Différence), Grand prix de l'humour noir.
2001. On n'est pas sérieux quand on a 117 ans (Gallimard).
2009. L'Oral et Hardi, mis en scène et interprété par Jacques Bonnaffé, Molière de la compagnie


*** 
à propos de son livre 
Un jour, je serai Prix Nobelge


Auteur, entre autres, de Frites l’amour, pas la guerre ou de Votez verres, votez alcoolos à septante ans, Jean-Pierre Verheggen a estimé qu’il méritait de se voir attribuer le «Prix Nobelge». D’où ce dossier de candidature comprenant le rappel des distinctions qu’il a déjà reçues ; son CV (à ne pas confondre avec son Ridiculum Vitae révélé au public en 2001 dans la collection Poésie/Gallimard) suivi de la liste des nombreux textes inédits qu'il entend soumettre à l’examen des membres du jury et même du nom des concurrents qu’il craint de devoir affronter (sans toutefois les redouter) : Henri Michaux et Marie-Thérèse Philippot en Wallonie, Hergé à Bruxelles mais, en revanche, personne en Flandre, même pas le Flamand de Lady Chatterley.
Du Degré Zorro de l'écriture paru dans les années soixante-dix aux Éditions Christian Bourgois, dans la collection TXT, à L'Oral et Hardi, un choix de ses textes qui a valu à son metteur en scène et interprète Jacques Bonnaffé un Molière en 2009, Jean-Pierre Verheggen, comme l'écrit André Velter, «n'a cessé de mener à bride abattue l'une des plus toniques chevauchées verbales. En liberté dans les fourrés et les coups fourrés du langage, Verheggen donne une œuvre qui est à percevoir dans la résonance de sa voix, avec sa verve de grande déferlante, son swing de boxeur des lettres, sa fantaisie féroce et irrésistible».

*

samedi 28 avril 2018

Découvertes subjectives -2-




Découvertes 



Découvertes : ce qui a retenu notre attention
la semaine écoulée. Sans commentaires 
ni biographies. Mais en toute
subjectivité, comme à l'usage.





Modigliani. Portrait de madame Reynouard, 1916


Rodin. Etude de baiser, 1901


Munch. Femmes sur le pont, 1902


Goya. La tempête de neige, 1786


Munch. Autoportrait entre l'horloge et le lit, 1943


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vendredi 27 avril 2018

ROSEMONDE GERARD. L'éternelle chanson






Rosemonde Gérard





L'éternelle chanson


Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants ;
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encor de jeunes amoureux,
Et je te sourirai, tout en branlant de la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux ;
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.


Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois, nous reviendrons causer.
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser ;
Combien de fois, jadis, j'ai pu dire : " Je t'aime ! "
Alors, avec grand soin, nous le recompterons,
Nous nous ressouviendrons de mille choses,
même De petits riens exquis dont nous radoterons ;
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand, sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois, nous reviendrons causer.


Et, comme chaque jour je t'aime davantage,
- Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain -
Qu'importeront alors les rides du visage
Si les mêmes rosiers parfument le chemin.
Songe à tous les printemps qui, dans nos coeurs, s'entassent
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens ;
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens ;
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car vois-tu, chaque jour, je t'aime davantage,
- Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain -


Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs
Au mois de Mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants ;
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux heureux jours d'antan,
Et je te sourirai, tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant ;
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans...
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs !


Rosemonde GERARD
in Les Pipeaux, 1889



Rosemonde Gérard et son mari, Edmond Rostand




jeudi 26 avril 2018

Théophile Gautier. Carnaval






Carnaval 



Venise pour le bal s'habille. 
De paillettes tout étoilé, 
Scintille, fourmille et babille 
Le carnaval bariolé. 

Arlequin, nègre par son masque, 
Serpent par ses mille couleurs, 
Rosse d'une note fantasque 
Cassandre son souffre-douleurs. 

Battant de l'aile avec sa manche 
Comme un pingouin sur un écueil, 
Le blanc Pierrot, par une blanche, 
Passe la tête et cligne l'oeil. 

Le Docteur bolonais rabâche 
Avec la basse aux sons traînés; 
Polichinelle, qui se fâche, 
Se trouve une croche pour nez. 

Heurtant Trivelin qui se mouche 
Avec un trille extravagant, 
A Colombine Scaramouche 
Rend son éventail ou son gant.

Sur une cadence se glisse 
Un domino ne laissant voir 
Qu'un malin regard en coulisse 
Aux paupières de satin noir. 

Ah! fine barbe de dentelle, 
Que fait voler un souffle pur, 
Cet arpège m'a dit : C'est elle ! 
Malgré tes réseaux, j'en suis sûr, 

Et j'ai reconnu, rose et fraîche, 
Sous l'affreux profil de carton, 
Sa lèvre au fin duvet de pêche, 
Et la mouche de son menton. 





Théophile Gautier 

In Émaux et Camées

lundi 23 avril 2018

Waouh










Elle exprime la joie, la surprise ou encore l'émerveillement. L'interjection a conquis le monde entier, jusqu'à remplacer certaines locutions de notre vocabulaire. Mais d'où vient cette onomatopée au confluent labial du «oh» et du «ah» ?
C'est une interjection mondiale: «Waouh!» Mais elle a envahi surtout deux domaines. Celui de la publicité, où sa brièveté s'accorde bien à l'air du temps et à l'efficacité du message: «Waouh! Ton drap est bien plus blanc que le mien!». Celui des films, traduits ou sous-titrés, en provenance des États-Unis: «Waouh! Quelle superbe voiture!».
C'est par la langue anglaise que le mot nous est revenu. Le verbe «To Wow» signifie impressionner, épater et «A Wow» est un succès. On dit couramment: «It's a wow» pour dire que le spectacle est sensationnel. Depuis 1972, le Québec a assimilé dans la langue française le mot en l'orthographiant «Waouh», «Waou» ou «Ouah».
L'année suivante la France l'adopte à son tour, mais ce n'est qu'en 1996 qu'on le signale de cette façon dans le Dictionnaire usuel. Autrement dit, on ne doit plus sursauter en l'entendant utiliser, c'est bien une interjection française.
L'interjection est souvent subjective, elle traduit par un mot un sentiment: «Ouf!» pour le soulagement, «Zut!» pour la déception. La langue évolue et nous pouvons donc remplacer, si nous en avons envie - aucune obligation -, par «Waouh» ou le délicieux «Mazette», qui a le même sens et tant de charme désuet...






samedi 21 avril 2018

Découvertes subjectives



Découvertes : ce qui a retenu notre attention
la semaine écoulée. Sans commentaires 
ni biographies. Mais en toute
subjectivité, comme à l'usage.



Balthus. La peur des fantômes, 1933

 
Rodin. Etude de danseuse nue, vers 1900

Fernand Toussaint, 1934

Chagall. Ponts sur le Seine, 1954

Magritte. Valeurs personnelles, 1952

 Rose Cavalié. Rose 'n Crown 7, 2017

R.Cavalié commente souvent sur Nuage. Elle est peintre. Nous venons de découvrir il y a peu ses toiles. Nous vous incitons à activer le lien pour découvrir une partie de son oeuvre.





vendredi 20 avril 2018

Paul CELAN se jette dans la Seine le 20 avril 1970








Paul Celan se donne la mort en se jetant dans la Seine, du pont Mirabeau, le 20 avril 1970. Dans un poème longtemps inédit, daté du 4 août 1969, il écrit ces vers :



Tu jettes après moi, un noyé,
de l’or :
peut-être qu’un poisson
se laissera soudoyer

Mort, donne-moi
Ma fierté



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jeudi 19 avril 2018

Les grands titres classiques







Un libraire, Jean-Baptiste Mus, dessine les perles de ses clients. 

C'est très drôle






Un bel hommage à "Les gens heureux lisent et boivent du café" d'Agnès Martin-Lugand.








Le barbier de Séville • Pierre-Augustin Caron De Beaumarchais



Fantômette fait tout sauter - Georges Chaulet





L'école des femmes - Molière





Da Vinci Code - Dan Brown








L'Iliade et l'Odyssée - Homère



Et la palme revient à :